Le 7ème continent de plastique : peut-on résoudre le problème ?

Zoom sur le fameux 7ème continent, ce vortex de déchets qui se balade dans l’océan

Rédactrice : Diane Fastrez

Chaque année, 460 millions de tonnes de plastique neuf sont produites dans le monde. C’est l’équivalent du poids total de l’humanité. Et 81% des objets en plastique que nous achetons partent à la poubelle en moins d’un an. Alors comment atténuer la pollution plastique ? Comment protéger l’océan et le préserver du plastique ? Quelles sont les conséquences sur la biodiversité et l’environnement ? Est-il possible de résoudre ce problème ? Quelles perspectives pour les prochaines années ? 

On vous dit tout dans cet article.

Pourquoi parle-t-on de continent de plastique ?

La définition d’un continent 

Selon le Larousse, un continent est une « vaste étendue de terre émergée, considérée comme une partie du monde et à laquelle on rattache les îles proches ». L’océan Pacifique sépare par exemple les continents asiatique et américain.

Vous le verrez plus bas dans cet article mais la notion de « continent de plastique » est une image. Cette vaste étendue de terre est comparée à une « soupe » de microplastiques présentes dans l’océan, en surface et en profondeur. Nous y reviendrons plus en détail.

La naissance du terme « océan de plastique »

En 1997, Charles Moore, un navigateur océanographe américain, prend un autre chemin que prévu pour rentrer. Résultat ? Au grès de son expédition, il traverse une mer de plastique composée de fragments diffus en surface et en profondeur. Ce n’est pas réellement une île flottante faite d’ordures compactées comme on pourrait l’imaginer. C’est plus diffus. C’est plus discret. Presque invisible. 

💡 Bon à savoir : l’imaginaire collectif d’une île plastique vient du fait qu’au début, les journalistes n’avaient pas encore de photos réalistes sous la main. Que faisaient-ils ? Ils utilisaient donc des visuels d’estuaires de fleuves pollués. Sauf que ces derniers sont pollués avec des déchets plus gros, des macrodéchets (plus de 2.5cm).

Les 5 zones d’accumulation de déchets dans les océans

En réalité, il existe cinq zones d’accumulation de déchets plastiques dans les océans : 

  • Pacifique nord
  • Atlantique nord
  • Pacifique sud
  • Atlantique sud
  • Indien sud
Carte des gyres océaniques

💡 Bon à savoir : Des concentrations ont également été observées en Méditerranée et dans les Grands Lacs américains. Autrement dit, ces déchets sont présents presque partout. 

Qu’est ce qu’un gyre océanique ?

Ces zones d’accumulation de déchets sont créées par des gyres océaniques, qui sont d’immenses courants circulaires créés par la rotation de la terre. C’est ce que l’on appelle dans le jargon scientifique la force de Coriolis. 

Et plus concrètement, ça veut dire quoi gyre ? En grec, c’est rotation. Ceux de l’hémisphère nord tournent dans le sens des aiguilles d’une montre. Ceux de l’hémisphère sud tournent dans le sens inverse. Ces gyres retiennent d’immenses « soupes » de microplastiques (moins de 5 mm), éparpillés les uns des autres. Ces « soupes » peuvent atteindre jusqu’à 30 mètres de profondeur et ne sont pas toujours visibles en navigation. 

La plus grande de ces « soupes » de plastiques se situe dans le Pacifique Nord. C’est ce que l’on appelle le Great Pacific Garbage Patch (GPGP). C’est lui que l’on associe au 7ème continent. À lui seul, il atteindrait jusqu’à 6 fois la taille de la France.

Le 7ème continent de plastique

Il n’y a sur Terre qu’un seul océan mais pour plus de précision géographique on a nommé des zones pour s’y retrouver : Pacifique, Atlantique, Indien, Austral et Arctique. L’océan est de plus en plus saturé de déchets, dont 90% sont du plastique. Si on ne fait rien d’ici 2050, la masse de plastiques y sera même supérieure à celle des poissons.

Peut-on collecter les déchets depuis la surface ? 

Non, ce serait trop simple. Seul 1% de tous les déchets présents dans l’océan sont visibles en surface. La raison ? Ils se fragmentent et se perdent dans la masse d’eau. Alors, où sont les 99% de déchets restants ? Dans les fonds marins. C’est d’autant plus dangereux que c’est un univers que l’on connaît encore très peu. Il est donc difficile d’estimer de manière précise les conséquences. Avec les connaissances que l’on a déjà, on sait cependant qu’elles sont désastreuses. 

💡 Bon à savoir : La production annuelle dans le monde de plastique neuf est de 460 millions de tonnes. Précisons d’ailleurs que cette courbe est exponentielle et qu’en ce moment elle est à environ +3% par an. Pour résumer, c’est actuellement le troisième matériau fabriqué au monde, après le ciment et l’acier.

Privilégier la D’où viennent les déchets marins que l’on retrouve dans l’océan ? douce

  • 10% des activités maritimes (pêche, trafic maritime, sport, etc.)
  • 10% de l’activité littorale (déchets abandonnés par les usagers, principalement touristiques)
  • 80% de l’intérieur des continents (acheminés par les cours d’eau, le vent, la pluie, etc.)

💡 Bon à savoir : Chaque minute c’est comme si on déversait l’équivalent d’un camion benne dans l’océan, et le rythme s’accélère. Actuellement, ce sont entre 8 et 13 millions de tonnes de déchets qui finissent dans l’océan chaque année.

Le top 10 des déchets ramassés par Wings of the Ocean

Nous organisons toutes les semaines plusieurs opérations de ramassage de déchets sur les littoraux français. Voici un aperçu de ce qui a été collecté depuis 2020 : 

  1. Mégots : 1 087 752
  2. Capsules : 55 336
  3. Bouchons : 40 261
  4. Bouteilles en verre: 34 901
  5. Bouteilles en plastique : 32 206
  6. Canettes : 27 958
  7. Larmes de sirène : 16 628
  8. Bâtons de sucette: 10 428
  9. Gobelets en plastique : 6 348
  10. Pailles en plastique : 5715
  11. Cotons-tiges : 5 657

Comment sont catégorisés les déchets ? 

Les déchets sont classés par taille : 

  • Nanoplastiques : invisibles à l’œil nu (jusqu’à 30 000x plus petit qu’un cheveu)
  • Microplastiques : moins de 5mm
  • Mésoplastiques : 5mm à 2.5cm
  • Macroplastiques : 2.5 cm à 50cm
  • Mégaplastiques : plus de 50cm

Quelles sont les conséquences de ce 7ème continent de plastique ? 

La chaîne alimentaire : du phytoplancton à la baleine, en passant par les poissons, les oiseaux, les tortues ou les cétacés, presque tous les organismes et animaux marins sont contaminés au micro plastique. 

Les maladies : les particules plastiques peuvent véhiculer des polluants, des bactéries ou des espèces végétales d’un continent à l’autre. 

💡 Bon à savoir : les animaux marins ne sont pas les seuls à ingérer du plastique. Selon une étude publiée en 2021, les humains ingéreraient jusqu’à cinq grammes de micro et nano plastiques chaque semaine. Comment ? Via les aliments, l’eau, l’environnement, etc. Si cette étude est parfois décriée, elle a le mérite d’illustrer la place du plastique dans nos vies. Des scientifiques ont récemment montré que ces plastiques se retrouvaient dans notre sang, notre placenta, nos poumons. Et ce n’est pas sans conséquences sur la santé. Sur le microbiote, le cerveau, le sang, etc.

7ème continent de plastique : à retenir

Pour résoudre ce problème, de belles initiatives se déploient à travers le monde. 

Certaines mettent par exemple en place des solutions technologiques de façon à retirer, récupérer et recycler les déchets en question. La démarche est à encourager bien qu’elle ne soit pas parfaite. Elle ne permettra pas de collecter tous les microplastiques et surtout, elle ne résout pas le problème à la base. Le véritable enjeu ? Réduire notre consommation de plastique et mieux gérer sa fin de vie de façon à ce que cela n’arrive jamais dans la nature. 

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